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L’action publique locale est rentrée dans une phase de turbulence. La crise sanitaire, économique et sociale provoquée par la Covid-19 accentue cette situation. Quatre facteurs plus structurels expliquent ces turbulences :

  • L’incertitude sur les finances publiques locales ;
  • La transformation des usages et des attentes des citoyens ;
  • L’impératif de transition écologique et sociale des territoires ;
  • La recomposition du paysage des opérateurs urbains.

Mises bout à bout, ces mutations viennent brouiller la frontière entre services publics maitrisés par les collectivités et offres privées portées par des multinationales ou des acteurs associatifs locaux : au regard des usagers, la distinction entre ce qui relève du service public ou non est de plus en plus floue, et seuls leur importent les services « urbains », c’est-à-dire l’ensemble des services qui s’offrent à eux, qu’ils relèvent ou non d’une compétence territoriale.

Dans ce contexte, l’approche Nouveaux modèles économiques urbains est une grille de lecture qui permet de renouveler le regard sur la délivrance et le financement des services urbains. Comment réaliser des propositions ambitieuses avec des ressources limitées ? Comment tenir un cap politique face à la multitude d’acteurs qui interviennent sur son territoire ? Comment développer la capacité d’action de sa commune ou intercommunalité sans pour autant pouvoir tout contrôler ?

Financée par la Banque des Territoires, l’ADEME et le PUCA, cette étude (réalisée par ibicity, Espelia et Partie Prenante) a été développée au fil de quatre publications en lien avec de nombre acteurs territoriaux.

Deux nouvelles publications sortent aujourd'hui : le « mode d’emploi » et les « cas pratiques », qui s’adressent tout particulièrement aux élus et agents de collectivités locales, quelles que soient leurs tailles, qui veulent décrypter ces transformations et construire une stratégie adaptée à ce nouveau contexte.

Les deux publications sont disponibles sur le site : www.modeleseconomiquesurbains.com.

Sur le fond, ces publications visent à montrer que la crise des finances publiques locales n’est pas une fatalité et que les territoires ont de nombreux leviers d’action. Sur la méthode, elles proposent une nouvelle approche pour repenser le modèle économique de l’action publique locale.

 

Se projeter dans le futur

Et si la ville devenait Freemium ? Ou effacée ? Ou pair-à-pair ? Placé en ouverture du mode d’emploi sur les nouveaux modèles économiques urbains, un détour prospectif vient révéler l’ampleur des mutations à l’œuvre, pour souligner les enjeux qui en découlent. C’est aussi une manière de faire un « pas de côté » et prendre un peu de recul.

Par exemple, le modèle économique Freemium articule une offre gratuite (free) et une offre payante haut de gamme (Premium). Dans ce modèle, il s’agit de diffuser un service de base accessible gratuitement au plus grand nombre, pour chercher ensuite à convertir ces utilisateurs en clients d’une offre Premium donnant accès à des services complémentaires et payants. Le Freemium est au cœur du modèle de nombreuses plateformes numériques, comme Amazon ou Spotify. Dans ce scénario, nous imaginons la transposition de ce modèle économique aux services urbains (publics et privés).

De son côté, l’effacement consiste, dans le secteur de l’énergie, à rémunérer l’usager pour l’électricité qu’il ne consomme pas, de manière à éviter les pics de consommation. Jusqu’ici, cela concernait surtout les sites industriels invités à débrancher ponctuellement leurs machines pour éviter la pénurie d’électricité, mais avec les réseaux intelligents, ce type d’offres se diffuse aussi aux entreprises et aux particuliers. Ce scénario transpose le modèle économique de l’effacement à l'ensemble des services urbains. Dans une logique de transition écologique, ce scénario vise à interroger les modalités de valorisation de la non-consommation et leurs implications pour l’usager, ainsi que les possibilités d’ajustement en temps réel de l’offre et de la demande de services urbains pour optimiser l’usage des infrastructures existantes.

Enfin, le pair-à-pair est un modèle économique qui connaît un regain d’intérêt avec l’économie numérique. Ce modèle repose sur la coopération horizontale et la mobilisation de ressources distribuées pour produire des services urbains de manière décentralisée. Il s’agit d’un retour aux sources de l’économie collaborative (ou « économie du partage »), où le troc occupe une place centrale et où chacun participe à la préservation des biens communs. Dans ce scénario, la distinction entre l’opérateur et les usagers s’atténue, avec une implication beaucoup plus forte des usagers-citoyens dans le pilotage et la mise en œuvre des services urbains. Il s’agit alors d’imaginer la cohabitation de cette ville bottom-up avec le modèle historique centralisé des grands réseaux urbains.

 

Renouveler la boîte à outils de l’action publique locale

La deuxième partie du mode d’emploi vise à partager la boîte à outils des modèles économiques urbains, pour en faciliter l’appropriation par les élus et les services des collectivités. Sont ainsi présentés les « axes de transformation », la « matrice de modèle économique », et la chaîne de valeur, qui sont devenus la grammaire de l’approche par les nouveaux modèles économiques urbains. Ils structurent l’analyse et aident à se poser les bonnes questions. Ils invitent surtout à renouveler la boîte à outils de l’action publique locale, pour dépasser les limites de l’approche trop collectivité-centrée induites par l’élaboration du budget ou la définition d’un plan d’actions sectoriel.

Par exemple, la mutation des services urbains se traduit par une fragmentation des acteurs en présence et par un brouillage croissant entre services publics et offres privées. Ce foisonnement contraste avec l’organisation traditionnelle des services publics, qui a longtemps reposé sur une relation bilatérale entre une collectivité donneur d’ordres et un opérateur exploitant (le « jardin à la française de la commande publique »). L’outil chaîne de valeur sera alors bien utile.

Mettre en pratique

Enfin, les « cas pratiques » visent à faciliter l’appropriation de cette approche par les Nouveaux modèles économiques urbains, en partant des préoccupations traditionnelles des collectivités locales, de leurs élus et de leurs services. Six cas pratiques sont proposés.

Sur chaque cas pratique, un parcours en dix questions propose des alternatives au mode de réflexion habituel et adopte un autre regard.

Ces deux publications ont été conçues comme un cahier d’activités, et pour, le cas échéant, servir de supports d’ateliers. A vos stylos !

Pour les télécharger : ici.

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