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La maille de fabrication et gestion de la ville est sans doute l'une des questions qui doit aujourd'hui le plus interpeller les urbanistes.

L'un des premiers à s'être saisi de la question est Dominique Lorrain (ici) :

"Dans les solutions qui se profilent quel sera l'équilibre entre les grands systèmes techniques et les petits systèmes décentralisés ? Historiquement le développement des villes reste inséparable de celui des réseaux techniques. Le 19e siècle a vu s'ajouter aux adductions d'eau potable d'autres systèmes techniques : les égouts d'évacuation des eaux pluviales et des eaux usées, les réseaux de transports en commun, les systèmes de distribution de l'électricité et du gaz. Tous participaient d'un modèle aux propriétés à la fois techniques, spatiales, économiques, politiques et sociales : le réseau unique, de forme réticulaire, organisé en monopole et visant au service universel. Cette tendance à l'équipement n'a cessé de se poursuivre pour déboucher sur des villes de plus en plus organisées à partir de réseaux et de grands équipements. Ce modèle se trouve mis en question au profit de solutions décentralisées pour la production d'énergie ou d'eau potable, pour l'organisation de symbioses urbaines".

L'article dans les Echos hier (Electricité, ces zones qui veulent prendre leur indépendance) illustre les évolutions en cours dans le domaine énergétique.

Extraits :

Mais la « résilience » du réseau électrique n'est pas le seul moteur. « La future réglementation thermique, qui va vers les bâtiments à énergie positive, crée les conditions de développement de l'autoconsommation collective », note Didier Laffaille, chef du département technique de la Commission de régulation de l'énergie. Le développement des écoquartiers, avec de la production solaire et des stations de recharge de véhicules électriques - et donc de batteries -, pousse aussi les promoteurs immobiliers à réfléchir à de nouveaux modèles. Et la publication, cet été, d'une ordonnance permettant une « auto­consommation collective » a ­déverrouillé le dossier. Début octobre, Bouygues Immobilier a par exemple annoncé un projet à Lyon.

Pour les gestionnaires du réseau électrique, l'enjeu est potentiellement important : les coûts d'entretien du réseau représentent environ 30 % de la facture d'électricité d'un ménage. Si de multiples « microgrids » équilibrent eux-mêmes leur consom­mation et leur production, le réseau national, financé à chaque fois qu'un électron transite, risque à terme de manquer de ressources si une part croissance de l'électricité transite par des réseaux alternatifs. « C'est un challenge plus qu'une menace. Mais ce qui profite à l'un ne doit pas défavoriser l'autre », estime Philippe Monloubou, président du directoire d'Enedis (ex-ERDF).

Les gestionnaires de réseau RTE et Enedis plaident en tout cas déjà pour être davantage rémunérés sur l'accès au réseau national (la puissance) plutôt que sur les volumes consommés.

« Nous avons développé un ensemble de plates-formes techniques et d'applications qui permettent par exemple d'optimiser la production et la consommation en fonction des prix de marché ou de redémarrer un réseau complètement en panne. Il n'y a pas qu'un seul modèle économique, mais cela devient rentable », explique Ronald Kubelec, directeur de l'activité « digital grid » chez Siemens France. « Dans les pays où le réseau est fiable, les premiers marchés que nous ­abordons sont les campus, où il n'y a généralement qu'un propriétaire. Le deuxième, plus complexe, ce sont les écoquartiers, où il faut fédérer plusieurs propriétaires », ajoute Sylvain Paineau, directeur « open innovation » Europe de Schneider Electric, qui vient de lancer un projet à Grenoble.

De même, les énergéticiens cherchent à se positionner. « Tous les grands noms, comme Engie, Enel, E.ON ou Endesa, tentent de développer des briques technologiques autour des "microgrids". C'est aussi pour comprendre ce marché qu'EDF a conçu une offre d'autoconsommation », décrypte un consultant. « On est au début du développement de ce ­concept, mais on note un vrai frémissement », affirme Jean-François Revel, directeur délégué de Engie Ineo. Le groupe travaille sur une dizaine de projets, finalisés ou en cours de finalisation, en France mais aussi sur des zones isolées, en Polynésie ou en Afrique.

Cette question de la maille est au coeur des recommandations stratégiques que nous formulons auprès d'un certain nombre d'aménageurs. Nous y reviendrons.

Source : Electricité, ces zones qui veulent prendre leur indépendance - Les Echos - 13 octobre 2016.

A lire également :
- la miniaturisation de l'énergie vue par Isabelle Kocher, PDF d'Engie : ici
- l'électricité vue par Total : ici
- l'offre d'auto-consommation d'EDF : ici
- la maille urbaine du début du 21ème siècle (macro-lot) vue par Jacques Lucan : ici

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