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(Billet d'archivage, en vrac).

 

Il piede di Palladio

En italien, "trottoir" se dit : "marciapiede" : « où l’on pose ses pieds ». Le billet sur les portiques de Bologne évoquait le pied bolognais, nous avons quitté Ferrare (billet à venir) avec la mesure du pied ferrarais dans un passage du chateau d'Este (photo ci-dessous), et voilà que Vicenze nous accueille avec le "pied de Palladio" !

Chateau de Ferrare. "Chaque bande de fer représente une unité de mesure utilisée dans la ville, et comme les mètres à ruban portables n'existaient pas à l'époque, n'importe qui pouvait se rendre au château d'Este pour « prendre ses mesures », peut-être avec un bout de ficelle". (source texte). Sur la photo ibicity, on peut lire « die piedi de Ferrara » sous la deuxième bande en partant du haut.

 

Pied de Palladio (à gauche...)

 

Boutique du musée Palladio

 

Musée Palladio. "1 piede vicentino alla scala del modello (1:33)"

« 3 pieds et 31 minutes », l'intitulé d'un atelier organisé par le Musée Palladio, sonne de manière étrange car il mêle unités de mesure de l’espace et celles du temps. "A l’époque de Palladio, il était assez courant, car le pied de Vicence était l’unité de mesure officielle et les minutes, avec les onces, en étaient les sous-multiples. 3 pieds et 31 minutes correspondent à nos 130 cm, soit environ la taille d’un enfant de 9 ans". Source : Palladio young

NB : A noter qu'il en est des "campo" comme des "pieds". Un panneau dans l'"Oasi della Valletta del Silenzio" qui jouxte la Villa Rotonda indique ainsi : "Un champ clos est une portion de terrain de la taille d'un champ de Vicence (3 862 mètres carrés), délimitée par des fossés de drainage et des haies. Historiquement, le terme « champ » désignait certaines unités agricoles utilisées sur les territoires de l'ancienne République de Venise : il s'agissait d'unités de superficie liées à la quantité de cultures récoltées, et donc variables selon la situation géographique et le type de terrain (champ de Vicence ou de Padoue, champ de Belluno, champ de Feltre, champ de Vérone, champ de Trévise, etc.)." (traduction via google translate)

Oasi della Valletta del Silenzio

A noter que l'essor des villas palladiennes est aussi lié à l'essor démographique qu'a connu Vicence pendant le XVIème siècle, celui de Palladio, du fait de la production et de la commercialisation de la soie.

Musée Palladio. Réseau des échanges internationaux des familles nobles de Vicence concernant le commerce de la soie.

 

Les trottoirs ("marcepiede" en italien) du Vicenze antique

Vicenze est connue pour être la ville de Palladio, mais elle fut également une importante cité pendant l'Antiquité, Vicetia.

Corso Palladio - Vicenze

Le panneau sur la gauche de la photo indique : "Des fouilles récentes pour la rénovation de la cave de la charcuterie (in corso Andrea Palladio, 196) ont mis au jour une stratigraphie complexe avec des traces de bâtiments médiévaux et Renaissance. Une dalle de trachyte réutilisée a été découverte dans les fondations de ce qui pourrait être l'une des « maisons-tours » connues pour avoir été situées dans le quartier de Santa Corona. Il s'agit d'un « crepido », une partie du trottoir qui bordait la voie romaine connue sous le nom de via Postumia, qui longeait autrefois le site. Au milieu du IIe siècle apr. J.-C., l'Italie du Nord était pleinement sous l'influence romaine, et le Sénat romain décréta la construction d'une grande route devant relier le nord de la mer Tyrrhénienne au nord de la mer Adriatique. (...) La via Postumia, qui rejoignait Vicence par un itinéraire longeant les contreforts, entrait dans la ville par la Porta Castello et traversait son centre, devenant le « decumanus maximus », l'axe principal de la ville autour duquel s'organisait la cité romaine (l'actuel corso Palladio). Source : traduction via google translate de la version anglaise du panneau. La version italienne est consultable en ligne : https://www.vicenzaromana.it/itinerario/15-la-via-postumia/

La charcuterie évoquée ci-dessus.

Via Postumia

Principales voies romaines dont la Via Postumia (qui croise la voie Emilienne à Piacenza - La voie Emilienne ,qui passe à Bologne notamment, a donné son nom actuel à la région Emilie-Romagne).

 

Via Cesare Battisti - Vicenze

Un panneau indique : "Sous les sacristies de la cathédrale, vous pourrez visiter un tronçon de voie romaine, mis au jour en 1948 lors des travaux de reconstruction de l'église, gravement endommagée pendant la guerre. La voie, large de 3,80 mètres, est orientée d'est en ouest et pavée de dalles de trachyte. Elle est bordée de trottoirs (crépidines)". https://www.vicenzaromana.it/itinerario/10-larea-archeologica-della-strada-romana-sottostante-la-cattedrale/

Photo sur le panneau via Cesare Battisti : La strada Lastricata

 

Illustration sur le panneau via Cesare Battisti

Dès le XVIIIe siècle, lors de la construction du palais di Palazzo Cordellina, "des structures et des matériaux d'époque romaine furent découverts, notamment l'emblème d'une mosaïque géométrique bicolore avec des tesselles noires et blanches formant un motif triaxial de cercles sécants en six points d'un cercle. La présence de riches habitations romaines sous le palais a été confirmée par des fouilles menées entre 2004 et 2009 par la Surintendance du patrimoine archéologique de la Vénétie. Ces fouilles enrichissent nos connaissances sur le plan urbain et bâti de l'ancienne Vicence. Une section d'un petit cardo pavé comportait un trottoir et un canal de drainage. Certains pavés en trachyte présentent les rainures caractéristiques du trafic intense des charrettes, fréquent dans les rues de la ville. (...) Des boutiques et des domus surplombaient la rue pavée, dont subsistent une partie des murs d'enceinte et une pierre de seuil marquant une ancienne entrée. Des sols en mosaïque et en cocciopesto subsistent de l'intérieur, ainsi qu'un petit canal à base et parois en terre cuite pour réguler le débit de l'eau".

(Traduction d'après : www.vicenzaromana.it/itinerario/4-le-domus-e-la-strada-romana-di-palazzo-cordellina/)

Contra Porti. La strada romana di Palazzo Cordellina

Idem

Visible le long de l'église San Lorenzon, "mesurant 5,50 mètres de large, le tronçon de cardo minor était pavé de dalles polygonales en trachyte, portant des traces évidentes de circulation charretière. Il se trouvait à proximité des anciens remparts de la ville, correspondant probablement à une structure d'accès à la ville. Texte : www.vicenzaromana.it/itinerario/2-la-strada-romana-e-le-mura-di-san-lorenzo/

Devant l'église San Lorenzo, sur le Cardo maximus, actuellement Corso Antonio Fogazzaro (qu'on retrouvera à la Villa dei Nani, ci-dessous)

IdemUn peu plus loin sur le Corso Antonio Fogazzaro, des fouilles menées en 2012 ont permis de documenter une séquence d'une douzaine de bases de fondation des piliers de l'aqueduc qui alimentait les thermes, les fontaines et les bâtiments publics et privés de la ville. L'aqueduc partait des sources de la plaine nord, près de Motta di Costabissara, jusqu'à Lobia, à 3 km au nord-ouest de la ville, où l'unique section d'arcs et de piliers subsistants est encore visible. Après avoir traversé la rivière Astico-Bacchiglione, l'aqueduc poursuivait sa longue ligne droite vers Corso Fogazzaro, longeant la bordure ouest du Viale Ferrarin. Source : www.vicenzaromana.it/itinerario/3-lacquedotto-romano-di-vicetia/

Un peu plus loin sur le Corso Antonio Fogazzaro

 

Les restes de l'aqueduc sont visibles sous les plaques vitrées à gauche.

Idem

Enfin, un panneau pour une exposition à la Gallerie d'Ialia, qui rappelle qu'il y avait des supports de jarre le long des trottoirs antiques (voir page 77 de Trottoirs !) (la jarre est davantage comme un vase, l'amphore a une bouche plus étroite).

Affiche d'amphore le long d'un trottoir sur le Decumanus (Corso Palladio)

 

Au musée d'archéologie.

 

Les trottoirs de la villa dei Nani

Pas de trottoir qui longe la "villa suburbaine" qu'est la Villa Rotonda, logique puisque le trottoir est un marqueur de l'urbain et non du suburbain, mais on en trouve un, certainement récent, devant la villa voisine, non réalisée par Palladio, la villa dei Nani. "C'est une légende poétique qui donne son nom à la villa. On raconte qu'avant, sur cette colline, se dressait un château-dans lequel une princesse naine nommée Layana vivait recluse, sur décision de ses parents. Elle passa son enfance dans un monde entièrement crée sur mesure; des meubles, aux objets, jusqu'aux serviteurs: tout était de petite taille, pour qu'elle ne prenne jamais conscience de sa différence. Mais un jour, en se penchant hors des murs du château, elle croisa le regard d'un beau prince à cheval, et ainsi ils tombèrent fou amoureux l'un de l'autre. La nuit même, le prince revint, et escalada le mur d'enceinte pour la rejoindre, mais réalisant la différence de La-yana, il hurla et prit la fuite. S'apercevant ainsi de sa difformité, la jeune princesse prit la décision de se suicider en se jettant du haut de la tour de sa chambre. La mort de Layana provoqua la pétrification des nains, acablés de chagrin.
Les 17 statues de nains qui se trouvent aujourd'hui sur le mur d'enceinte de la villa faisaient d'abord partie intégrante du décor du jardin. C'est Elena Garzadori, la belle-fille de Giustino Valma-rana, qui décida à la fin du 18ême siècle de les placer sur le mur d'enceinte et participa ainsi à donner le nom que la villa porte aujourd'hui : Villa Valmarana "ai Nani". (Source : guide de la villa)

Nains surplombant le trottoir devant la Villa dei Nani. A 12H30

Les mêmes nains à 15H30, et leurs ombres (... qui les agrandissent un tout petit peu)

Les mêmes nains et leurs ombres légèrement décalées, depuis la salle avec les fresques de Tiepolo "L'Orlando furioso di Ludovico Ariosto" (ou celle de l'Iliade) - Voir la maison de l'Arioste à Ferrare.

 

Les 7 rues de Thèbes

Pas de trottoir apparent, tout juste au mieux un soubassement, mais le décor du fameux théâtre Olympique représente "les sept rues de Thèbes", le décor qui fut créé pour la première pièce à y avoir été représentée "Oedipe Roi".

Décor du Théâtre Olympique - Architecte : Vincenzo Scamozzi - La rue principale mesure 12 mètres.

 

Les 7 rues de Thèbes et leurs dimensions. Source : https://www.museicivicivicenza.it/doc/02scheda_tecnica_mappe.pdf

 

Film sur le site du Théâtre Olympique : "The magic of the illusion"

 

Ce qui ne change pas

Enfin, une photo qui rappelle que, à deux mille ans d'écart, une chose n'a pas changé : les petits enfants aiment toujours s'asseoir sur les trottoirs !

En MMXXV après J.-C.

Rue de l'Abondance, à Pompéi

Voir : "A Pompéi, on pouvait s'assoir sur les trottoirs".

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