#saccageparis ?

Alors que la Ville de Paris a lancé un grand chantier sur l’esthétique parisienne, le hashtag #saccageparis est apparu il y a quelques mois sur Twitter pour dénoncer la laideur de Paris.

Un amusant contre-questionnaire a été mis en ligne en écho à celui lancé par la Ville (il n’est plus disponible sur internet, mais on trouve des extraits dans cet article de La Tribune de l’art).

En attendant l’exposition sur l’esthétique parisienne qui ouvrira à la fin du mois au Pavillon de l’Arsenal, et le catalogue qui l’accompagnera (avec une contribution d’ibicity sur… le trottoir ou l’esthétique ordinaire de la ville), on peut lire la réponse de Jean-Louis Missika, qui fut l’adjoint à l’urbanisme d’Anne Hidalgo au cours de la mandature précédente, sur le site de Terra Nova : “#saccageparis : peut-on aller au-delà de l’indignation ?” (repérée via l’article de Julien Damon dans Les Echos de ce jour).

Extrait :

La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), en 2019, a permis aux municipalités de délivrer des titres d’occupation du domaine public, intégrant des prescriptions de sécurité, de qualité de service mais également des critères sociaux et environnementaux, pour les nouveaux services de mobilité (vélos,scooters, voitures, véhicules utilitaires, trottinettes, en libre-service).

C’est un progrès réel, mais cette capacité de délivrance de titres d’occupation n’a pas été étendue à d’autres usages de l’espace public,initiés par les plateformes numériques. Les nuisances causées par ces plateformes, qu’il s’agisse d’Uber, d’Amazon ou de Deliveroo, sont à la fois environnementales et sociales. L’an dernier, New York a imposé à Uber et Lyft, un gel des licences, un péage urbain, des règles pour limiter la circulation à vide et un salaire minimum. Londres est allé plus loin en retirant temporairement sa licence à Uber parce que cette société n’était pas en mesure de garantir que les chauffeurs avaient leur permis.Comme Uber, Amazon s’est fait une spécialité d’être un passager clandestin des aménités d’une ville. Elle use et abuse de l’espace public par la livraison anarchique de ses colis, qui transforme les centres-villes en plateformes logistiques géantes et provoque des congestions massives et des pics de pollution. Le fameux « black Friday » est en général suivi d’un « bloody Monday » au cours duquel les villes sont embolisées par les livraisons. La loi LOM aurait été un véhicule idéal pour anticiper ces nuisances et les encadrer, en donnant aux villes des outils similaires à ceux de New York ou de Londres. Peine perdue ! L’appareil d’Etat semble incapable d’anticiper ces nouvelles situations et reste sourd aux alertes des villes, comme s’il fallait attendre que la catastrophe soit là pour commencer à envisager de légiférer.

 

A lire également l’article de David Mangin dans la Revue Urbanisme :

Voir aussi nos précédents billets sur le sujet, notamment :

[Podcast interwiew] Pedro, livreur de repas Uber Eats et Deliveroo

Jane Jacobs et le trottoir, un combat féministe (Jane Jacobs est largement citée par Jean-Louis Missika)

10 mètres carrés, nouvelle métrique de l’esthétique parisienne ?

Infographie : les plateformes du numérique doivent payer les infrastructures qu’elles utilisent

 

NB : à écouter ce soir ou en replay la conférence sur le PLU bioclimatique de la Ville de Paris : ici.