Qui sera le fleuriste de la ville intelligente ?

C’est un joli numéro qu’ont concocté les fondateurs de la jeune revue Third sur la ville intelligente, titré “A la recherche de la Smart City”.

Nous sommes notamment très heureux d’y retrouver les contributions de Jean Haëntjens (ici) et Jean-Bernard Auby, et – il n’y a pas de hasard – celles d’Alain Beltran (ici), Christophe Defeuilley (ici) et Bernard Landau (ici).

Pour notre part, nous y publions, avec nos complices Nicolas Rio (Partie Prenante) et Clément Fourchy (Espelia), l’article : “Qui sera le fleuriste de la ville intelligente ? ou l’art de composer et de vendre des bouquets de services urbains”.

Nous nous y interrogeons notamment sur la figure émergente de l’agrégateur de services urbains. Extrait :

Ces questions de « qui agrège », « qui est agrégé » et « comment on agrège », sont aujourd’hui au cœur de la stratégie des entreprises, qu’elles cherchent à piloter des écosystèmes partenariaux ou à être embarquées dans ceux-ci. Elles doivent interpeller les collectivités locales.

D’abord, parce que ces nouveaux agrégateurs les concurrencent potentiellement dans leur propre offre de services. Comme on l’a vu, les MaaS peuvent être orchestrés par la puissance publique (par exemple Mulhouse), mais ils peuvent l’être par d’autres acteurs. Par exemple, à Helsinki, patrie du premier MaaS européen, l’agrégateur est une société privée, Whim, agissant sans mandat particulier de la ville. Mais si à Helsinki, cela semble répondre au choix public, on peut imaginer d’avoir des systèmes de MaaS qui se développent de manière concurrente avec les offres de transports publics. D’autant que les agrégateurs sont des acteurs qui se placent le plus en aval possible pour intégrer au maximum l’amont de la chaîne, en venant ponctionner les maillons d’avant, selon une logique analogue à celle des « centrales d’achat » dans le domaine de la distribution. Cette question de la concurrence entre offres privées et publiques se pose de manière d’autant plus cruciale que la concurrence se joue pour partie sur les prix, or les modalités de tarification sont radicalement différentes selon les catégories d’acteur dont l’offre émane. On peut en particulier se demander si la forte individualisation de la tarification que permet la révolution numérique est compatible avec la notion de commun et l’existence d’une communauté.

Ensuite, un autre sujet sur lequel les collectivités doivent être vigilantes est celui de l’interopérabilité. Jusqu’à présent, ces écosystèmes partenariaux étaient en reconfiguration permanente, mais une phase de consolidation devrait s’amorcer. De même qu’Apple refusait initialement toute interopérabilité de ses services et produits avec ceux de ses concurrents, peut-on imaginer que demain, on habitera dans une ville Eiffage ou une ville Alibaba ?

Le numéro est téléchargeable sur le site de la revue (www.third.digital) ou, s’agissant spécifiquement de notre article, ici.

 

NB : Nous ne partageons pas l’idée des fondateurs de la revue que “la Smart City est un idéal, une forme de rêve collectif dans lequel ceux qui composent une ville (le citoyen, le politique et l’entrepreneur) tireraient profit de toutes les mutations résultant de la révolution numérique”. Mais à chacun de se faire sa propre idée. Pour notre part, l’important nous semble être de montrer les nouvelles opportunités et les nouvelles menaces que représente la révolution numérique qui saisit les villes. C’est ce que nous essayons de faire dans notre “étude sur les nouveaux modèles économiques urbains” (ici).