Quelles valeurs (financières) de l’aménagement ?

Ce jeudi 4 avril 2024 s’est tenue la première journée du nouveau cycle du Réseau National des Aménageurs consacré au thème : “Quelle(s) valeur(s) pour l’aménagement dans un monde en transition ?”.

ibicity est intervenue en plénière de l’après-midi (replay : ici) sur les évolutions récentes des chaînes de valeurs de l’aménagement, et les interactions entre valeurs immatérielles visées et chaîne économique.

Faisant le constat que, d’un point de vue strictement financier, le modèle économique de l’aménagement se grippe, elle a esquissé 4 pistes sur la manière dont les opérateurs de l’aménagement et de l’immobilier peuvent faire évoluer leur modèle en lien aussi avec l’arrivée de nouveaux entrants :

– le “diffus” dans le “périurbain”. Si cette option a “l’avantage de permettre un urbanisme incrémental”, elle ne crée pas d'”aménités urbaines” ;

– le “mistigri” de l’aménagement, qui consiste à faire porter le coût dont on ne veut pas à un autre acteur” – dans l’aménagement, le ‘valet de trèfle’ est souvent le coût du foncier initial ou de sa dépollution ;

– la transformation de la “valeur extra-financière”, par exemple des objectifs écologiques, en “valeur financière”, via la mobilisation d’acteurs spécifiques ;

– la “valeur colibri” : la somme des petites valeurs devient une grande valeur, celles-ci étant portées par des acteurs de plus en plus spécialisés. Ces valeurs se trouvent dans des “interstices”, “temporels ou spatiaux”, ou dans la spécialisation.

ibicity a abordé également les nouveaux défis que constituent les différentes sobriétés, notamment le fait que, dans les tissus urbains constitués, le recyclage urbain “nouvelle manière” consiste non plus à “remettre à nu” (démolir pour reconstruire) mais à réhabiliter, ce qui se fait souvent sans génération de charges foncières ou de participations constructeurs et met à mal le modèle économique de l’opération d’aménagement.

Un autre défi est celui où, à l’heure du ZAN, “le métier d’aménageur mute vers des fonctions de préservation et de restauration de nature“, pour reprendre l’expression de Jérôme Goze, directeur de La Fab à Bordeaux Métropole, qui a “l’intuition que les aménageurs vont se transformer en fabricants de « Central Park » au quotidien, c’est-à-dire qu’ils vont produire de la valeur du vide (ou de nature) qui sera bien supérieure à celle du plein”. Vaste sujet qui oblige là encore à repenser la construction du bilan d’aménagement !

Le support de présentation d’ibicity peut-être demandé par mail à ibicity@ibicity.fr.

Merci à AEF Info et Marius Matty pour avoir publié un article qui est un très bon résumé sur cette intervention dans son édition du 8 avril : “Face aux “chaînes de valeur classiques” de l’aménagement qui “se grippent”, il y a des “modèles alternatifs” (Ibicity)” : ici.

A noter qu’un débat intéressant a eu lieu en fin de matinée (replay de la matinée : ici) sur le fait de savoir si on peut parler “finance” avec les habitants. Merci à Laurent Girometti, DG de l’EpaMarne d’avoir répondu par l’affirmative en citant notre étude Transparence sur les ZAC financée par Idhéal. Clairement, pour ibicity, la réponse est OUI, bien-sûr, tout dépend de la manière dont on en parle. La présentation du bilan financier de Bercy Charenton devant un Comité citoyen de 50 habitants avait été par exemple un exemple réussi et même… ludique !

 

Les analyses d’ibicity s’appuient notamment sur sa pratique de conseil opérationnel auprès d’aménageurs et collectivités, par exemple : montage financier de projets urbains, audits de ZAC, positionnement stratégique de l’aménageur (pour Grand Paris Aménagement, EpaMarne EpaFrance, Euroméditerranée, SNCF Immobilier, etc.). Convaincue de la nécessité d’outiller pédagogiquement ces sujets complexes et essentiels, et d’articuler posture opérationnelle et recherche exploratoire, ibicity publie de nombreux articles et études, et intervient régulièrement dans des colloques. Une grande partie des publications et interventions d’ibicity est autofinancée. Ou lorsque la réflexion sur les nouveaux modèles de valeur est aussi une question de modèle économique !…

Ici : Carnet d’économie urbaine 2022 (bientôt ré-actualisé !). A venir : séminaire “Futurs de villes” (juin 2024) pour Futuribles

 

Exemple d’études, publications et interventions en lien avec l’intervention de ce jour :

– Etude Transparence sur les ZAC financée par Idhéal

– Etude Les modèles économiques des services urbains au défi de la sobriété (recherche qui se poursuit – avec Espelia et Partie Prenante, financée par l’ADEME, le PUCA et la Banque des Territoires)

– “Quand la valeur s’éclate” à la Fondation Palladio

– Etude “Modèles économiques des projets d’aménagement, jeux des acteurs, et formes urbaines

Serious Game réalisé sur les bilans d’aménagement de l’opération Bercy-Charenton

– Intervention lors du Grand Débat sur la Fabrique urbaine à Nantes

 

Merci au RNA pour le choix de tenir ce séminaire à Maison de l’Océan (ex Institut Océanographique de Paris), lieu inspirant s’il en est ! Ci-dessous, fresque du navire d’exploration océanographique “Pont de la Princesse Alice” (avec un globicéphale) et l’intérieur d’un escalier.