Limites planétaires et modèles de l’aménagement

“Comment l’intégration des capacités de notre milieu naturel, traduit par le concept des limites planétaires, modifie-t-elle les contours et le contenu de l’activité d’aménagement urbain ?”. Le PUCA organise ce 02 février 2024 matin un séminaire sur la recherche en cours “Nouveaux modèles de l’aménagement”.

 

“Fondée sur l’observation active de 6 terrains en France, cette recherche approfondit en particulier les questions suivantes : quelles sont les manières de prendre en compte, faire compter, et rendre compte des fonctionnements écologiques dans les décisions d’aménagement ? Comment repenser les métriques de l’aménagement et les outils de pilotage des opérations ? Faire compter ces thématiques implique-t-il des changements de positionnement de l’aménageur, tant dans la chaîne de valeur de l’urbain que dans ses compétences ? Le travail développé fait le choix d’une entrée par une durabilité forte, pour affirmer la non-substituabilité entre écosystèmes et capital économique”. La recherche est réalisée par Agnès Bastin, Magali CASTEX et Daniel Florentin.

ibicity interviendra comme discutante dans la deuxième table-ronde, en lien avec :

– nos travaux sur la valeur (intervention à venir le 4 avril à la prochaine rencontre du Réseau National des Aménageurs, dans le prolongement des réflexions présentées à la Fondation Palladio qui visent à actualiser les analyses de notre publication de 2018 sur “Les modèles économiques des opérations d’aménagement” pour l’Institut Paris Région)

– notre étude “transparence sur la ZAC” pour Idheal

– notre recherche exploratoire avec Espelia et Partie Prenante (financée par le PUCA, l’ADEME et la Banque des territoires) sur “les modèles économiques des services urbains au défi de la sobriété“.

 

En guide d’auto-pense-bête, quelques idées à chaud sur ces sujets :

– il ne faut pas confondre le “bilan de l’opération d’aménagement” (qui suppose une approche consolidée multi-acteurs en lien avec l’emboîtement des bilans) et “le bilan de l’opération d’aménagement tel qu’il est porté par l’aménageur”

– il ne faut pas confondre le “bilan de l’opération d’aménagement tel qu’il est porté par l’aménageur” et le “bilan de l’aménageur”, a fortiori car la comptabilité diffère selon le type d’aménageur. Par exemple, un EPA, qu’il intervienne en compte propre ou via un traité de concession, va comptabiliser le résultat d’une opération au fur et à mesure de l’avancement de l’opération, et les prévisions sur l’opération ont donc un impact comptable. Ceci est différent pour une SPL ou une SEM.

– il ne faut pas confondre l’acteur et le maillon (d’où l’intérêt des approches en termes de chaîne de valeur) : en version “jeu d’échecs”, un aménageur aménage ; en version “jeu de go”, celui qui aménage n’est pas forcément un aménageur.

– on pourrait distinguer la “valeur en dedans” et “la valeur en dehors”.

 

Ajout du 7 février 2024 :

Pour voir le replay du séminaire : ici.

La réaction à chaud (et en vrac) d’ibicity en 7 idées-clefs – à réécouter à 2 heures 14 minutes et 30 secondes :

Idée 1 : « l’écologisation » doit être abordée en lien avec la réinvention du modèle économique de l’aménageur et sa dimension d’utilité sociale : un bilan d’aménagement est avant tout un choix de péréquations, qui permettent le financement des espaces et équipements publics, et de la mixité sociale et programmatique.

Idée 2 : la sobriété foncière doit être articulée avec les autres sobriétés. En particulier la question de l’hashtageau est un enjeu clef à l’interface entre enjeux écologiques et enjeux financiers

Idée 3 : L’approche hashtagcomptable est un levier essentiel :
– Elle pose la question du périmètre du bilan considéré : le bilan de l’opération d’aménagement portée par l’aménageur ne retrace qu’une partie des dépenses et recettes de l’opération (le fameux “emboîtement des bilans” vu dans l’étude Transparence sur les ZAC avec IDHEAL)
– Le bilan de l’opération d’aménagement et le bilan de l’aménageur ne se confondent pas
– Les valeurs extra-financières ont de plus en plus un impact financier.

Idée 4 : « Construire moins et gérer plus » : l’écologie oblige à repenser la « proposition de valeur » de l’aménageur

Idée 5 : Les petites valeurs font les grands changements de modèle économique

Idée 6 : Les « bilans colorés » permettent la pédagogie et la mise en débat

Idée 7 : La recherche exploratoire sur la réinvention du modèle économique de l’aménagement mériterait d’être davantage financée !