“La beauté des fleurs console de la ruine des palais”
Le 1er mai est décidément le jour des trottoirs. Pas seulement parce que la vente du muguet constitue une dérogation aux règles qui encadrent habituellement le commerce sur le trottoir, pas seulement parce que les manifestants qui défilent doivent savoir qu’il leur faut rester sur la chaussée, mais aussi parce qu’il arrive qu’au hasard d’une promenade dans les rues d’une petite ville de bord de mer, on tombe sur une affiche sur un trottoir représentant la Ruine-de-Rome, fleur typique des trottoirs qu’on avait déjà croisée grâce à Fleurs de bitume dans Homo Urbanicus (et qui est évoquée dans Trottoirs ! Une approche économique, historique et flâneuse).
« (A Rome)… la nature y a repris son empire sur les travaux des hommes et la beauté des fleurs console de la ruine des palais ». Le nom de l’auteur qui figure sur l’affiche doit plutôt être lu comme Staël-Holstein (et non Hostein), le nom de Germaine de Staël, l’autrice de Corinne ou l’Italie, dont la citation est extraite.
(Illustration issue de Gallica – BNF)
« Le Palais des César, appelé le Palais d’or l’occupait tout entier. Ce mont n’offre, à présent que les débris de ce palais. Auguste, Tibère, Caligula et Néron en ont bâti les quatre côtés, et des pierres recouvertes par des plantes fécondes sont tout ce qu’il en reste aujourd’hui : la nature y a repris son empire sur les travaux des hommes, et la beauté des fleurs console de la ruine des palais. Le luxe, du temps des rois et de la République, consistait seulement dans les édifices publics ; les maisons des particuliers étaient très petites et très simples. Cicéron, Hortensius, les Gracques habitaient sur ce mont Palatin, qui suffit à peine lors de la décadence de Rome, à la demeure d’un seul homme. »
Germaine de Staël, Corinne ou l’Italie, 1807
Le trottoir, comme tapis volant pour voyager des hauteurs de Pornic aux collines de Rome (et d’Egypte… voir ci-après !).
Voyage aussi vers l’Egypte avec cette banquette, rue Fernand de Mun à Pornic, qui rappelle, du point de vue de leur dimension public-privé, ceux du Fayoum.
Comme on le lit dans Trottoirs ! :

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Question qu’on retrouve d’ailleurs à propos des trottoirs de la Place des Vosges, à Paris, puisque, à l’occasion d’une dérive sur Google, on y apprend, via La Tribune de l’Art, que l’espace sous les arcades est privé. Preuve que c’est notamment sur le trottoir qu’urbanisme et architecture se rejoignent !
Et aussi : “jardins de trottoirs” à Saumur