Vers un outil de mesure de l’impact social

Professeur et directeur du Centre société et organisations (S & O) à HEC Paris, Rodolphe Durand vient de publier un rapport sur la mesure d’impact dans le cadre du Mouvement for Social*Business Impact (MS*BI), une manifestation qui vise à inventer une économie plus inclusive.

C’est l’occasion de relire l’interview qu’il avait donnée au Monde le 29 novembre dernier :

La révolution lente du capitalisme financier n’a pas encore trouvé la bonne aune à laquelle mesurer ses impacts sur la société ou l’environnement. C’est normal : il a fallu plusieurs siècles pour que les acteurs de l’économie adoptent tous les mêmes indicateurs pour mesurer l’efficacité d’un investissement « classique » : mesures monétaires, ratios d’endettement et de retour sur investissement… Nous en sommes encore loin concernant les mesures d’impact environnemental et social.

Comment être sûr qu’une start-up ou une entreprise établie réduit bien son empreinte écologique ou permet à de nombreux bénéficiaires d’accéder à une meilleure santé, une meilleure éducation ou un retour à l’emploi ? Pour l’épargnant en bout de chaîne, comment approcher l’impact de l’euro placé dans un fonds qui investit dans des sociétés parfois proches, parfois lointaines, et proposé par une banque de détail qui vend de multiples autres produits d’épargne et d’investissements ?

(…)

Je suis de ceux qui parient que le moment approche où les mesures d’impact s’uniformiseront, où leur convertibilité monétaire s’établira, et où une mesure normalisée des impacts positifs des activités économiques se traduira en source d’avantage concurrentiel. L’alignement adviendra alors entre épargnants, investisseurs et dirigeants en quête d’investisseurs pérennes.

Le sérieux a changé de camp : il n’est plus du côté de ceux qui nient les évidences du réchauffement climatique et des inégalités de revenus. De même, demain, le risque changera de côté : proposer un retour sur investissement seulement sur les aspects financiers d’un support manquera de crédibilité. Pour accélérer ce processus et être en avance de phase, il faut donc prendre très au sérieux ces nouvelles tendances et y consacrer une partie de son épargne !

Le rapport est disponible ici.

 

A lire également l’article du Monde : “Finance solidaire : vers une mesure d’impact à la française“, du 12 novembre 2018, qui évoque “l’outil de ­mesure et de suivi baptisé ­Mesis à destination des acteurs de l’ESS” : “Pour chaque entreprise analysée, une grille de 300 critères financiers et de 300 critères ­extra-financiers est remplie. Cette démarche vise à mesurer les « externalités » des entreprises, qu’elles soient positives ou négatives : création d’emplois, émissions de CO2, coût sociétal ou environnemental… Mesis propose des outils d’évaluation spécifiques pour chacun des 15 secteurs d’activité répertoriés”.