“Observer les paysages”

Très jolie présentation ce soir à la Librairie Volume, à Paris, de l’ouvrage Observer les paysages, de Daniel Quesney et Jac Fol (Jean-Pierre Huguet Editeur).

Présentation de l’éditeur :

Ouvrage basé sur les 30 années d’existence des “Observatoires photographiques des paysages”. Les Observatoires photographiques des paysages captent méthodiquement les changements et les permanences des paysages. Ce livre donne la parole aux créateurs et témoins : photographes, professionnels de l’urbanisme, de l’architecture, de l’environnement et du paysage, ainsi qu’élus et acteurs de terrain. Ils expriment dans cet ouvrage leurs relations à la fois concrètes et sensibles aux paysages à travers l’évocation de ce programme basé sur la reconduction photographique. Initiés il y a 30 ans par le ministère chargé de l’Environnement, les Observatoires photographiques des paysages nous montrent aussi ce que nous ne savons ou ne pouvons pas voir.

 

Notes en vrac glanées au fil de la présentation et des discussions

Au coeur de la méthode : pas de présupposé sur ce qu’on enregistre ; reconduction photographique : un regard + un principe indiciel ; aussi bien le paysage rural que le paysage urbain.

Le regard photographique sur le paysage suit l’évolution du paysage. On produit de la mémoire.

Double changement : changement du regard sur le paysage, et changement du paysage lui-même.

Différence entre le regard, qui est très personnel, et le style, qui peut être imité.

Pas de présupposé sur ce que l’on enregistre.

Les atlas décrivent le paysage d’une manière qui se veut systématique. Alors que les observatoires génèrent du sensible.

Le paysage, ce n’est que des regards qui se portent sur une étendue du réel.

La photographie est le seul art, avec l’enregistrement sonore et filmique, qui dépasse l’intention de l’auteur, c’est le “sourdant du réel” (Henri Van Lier, Histoire de la photographie). C’est la plus grande puissance historique : il y a des choses qui ont été vues, et d’autres choses qui ne seront vues que plus tard. Il y a toujours des dépassements et cela reformule les choses. Fonction tragique, magnifique.

Il y a une survégétalisation de la France : fermeture paysagère, le paysage est fermé, les routes vertes des cartes Michelin n’existent plus. Egalement le compartimentage des flux de la ville est très marqué.

Sur les photos, il n’y a pas de présence humaine en apparence. Mais le paysage n’est fait que par l’homme. Sauf dans les photos de Raymond Depardon : c’est à l’origine un photographe de presse et il y a toujours quelque chose qui se passe dans ses photographies pour l’observatoire.

Le paysage c’est un témoin du temps.

Identité paysagère. C’est un référent. La référence est sensée ne pas bouger. Or elle bouge tout le temps. C’est ça le choc.

Il ne faut pas surtout faire d’appel d’offre pour sélectionner un photographe.

Feuillagisme : recherche formelle sur un chaos végétal.

Connaturalité de Merleau-Ponty

 

On y reviendra, de manière plus ordonnée, dans une prochaine chronique prospective.

 

Et aussi :

“Paris sous l’eau, l’Occitanie en désert : ces cartes imaginent notre futur climatique” : ici. D’après l’ouvrage : Imaginer demain. Chroniques cartographiques d’un monde à venir, de Julien Dupont, aux éditions Armand Colin.