MAAS français

A découvrir, dans Les Echos, les initiatives destinées à proposer des bouquets de services de transport aux usagers, avec une application et une facture uniques.

 

Extraits de l’article

Réunir sur une seule application pour smartphone (ou une seule carte de transport) l’accès à différents services dans lequel le client peut piocher à sa guise : c’est l’objectif après lequel courent la plupart des grands groupes du secteur, pour simplifier la vie de leurs clients, du bus au stationnement en passant par le vélo en libre-service, mais aussi sortir en position de force de la révolution en cours dans la mobilité.

Depuis quelques mois, les annonces se succèdent. Dernière initiative en date, le lancement la semaine dernière à Mulhouse d’un « compte mobilité », en partenariat avec le groupe de transport public Transdev. Il regroupe sur une seule application l’accès au réseau de transport en commun, aux vélos en libre-service ou encore à une offre de covoiturage.

A Dijon, où les différents services de mobilité ont fait l’objet d’un appel d’offres unique, remporté par la filiale de la SNCF Keolis, les habitants peuvent héberger sur une seule carte l’ensemble des titres de transport du réseau, mais aussi les abonnements au vélo libre-service ou encore l’accès à l’un des neuf parkings de la métropole.

De son côté, Indigo, initialement spécialisé dans le stationnement, développe peu à peu  Indigo Weel, un service de mobilité qui doit proposer à terme des vélos, mais aussi des scooters électriques et de l’autopartage. Même Uber, le roi du VTC, a décidé de prendre ce virage en diversifiant son offre, par le biais d’investissements dans les vélos et les trottinettes électriques.

Tous s’inspirent d’une même référence, qui se résume en quatre lettres : MaaS pour Mobility as a Service , un concept forgé il y a quelques années par une jeune pousse finlandaise, très tôt repérée par Transdev, qui avait investi à son capital, et qui est devenu désormais un passage obligé dans tout discours sur la mobilité.

Le principe initial était de regrouper dans un abonnement unique l’accès illimité à différents services de transport, afin d’encourager le public à se passer de voiture individuelle. Mais le coût de l’abonnement bondit assez vite lorsqu’on y inclut un accès illimité aux taxis, aux VTC ou à l’autopartage. Les dernières déclinaisons en date proposent plutôt une facturation à l’usage.

La centralisation de différentes offres sur une même interface, par contre, a fait florès. D’abord, parce que le client la réclame : l’éclosion de nouvelles manières de se déplacer (autopartage, covoiturage, vélos en free floating, scooters et trottinettes électriques…) a fait apparaître sur chaque marché plusieurs jeunes pousses qui se battent pour le dominer. Résultat, selon une étude récente, un quart des jeunes franciliens ont plus de six applis liées aux transports du quotidien sur leur smartphone !

Le recours à une seule appli simplifie donc grandement l’usage. Et pour les groupes concernés, c’est un très bel outil pour garder le client captif. Pour les acteurs traditionnels du secteur, c’est aussi une stratégie défensive : s’ils ne se posent pas comme agrégateurs de mobilité, ce sont les géants du Net comme Google ou Apple qui le feront.

Source : “Le passe mobilité, nouvel eldorado des acteurs du transport” – Les Echos – 25 septembre 2018

Zoom sur l’exemple mulhousien :

L’agglomération de Mulhouse a lancé jeudi la commercialisation de son Compte mobilité. Ce service développé par Transdev donne accès à tous les modes de transport via une application unique.

D’ores et déjà disponible sur Androïd et d’ici à la fin du mois sur iPhone, le  Compte mobilité lancé à Mulhouse est une première européenne. Parcs de vélos en libre-service, réseaux de transports en commun, parkings et autopartage : la plupart des modes de déplacements publics ou privés de la commune haut-rhinoise sont désormais accessibles via une interface unique.

Développé par Citiway, une filiale de Transdev, ce dispositif permet à l’utilisateur équipé d’un smartphone de se soustraire à la multiplication des applis, abonnements ou titres de transport. L’ambition : promouvoir les modes de déplacement alternatifs à la voiture personnelle en facilitant leur accès et en décloisonnant les usages. (…)

Une fois son compte créé via l’appli ou le site Internet, l’utilisateur choisit en temps réel d’acheter un titre de transport à l’unité ou en abonnement, de payer sa place de parking, de réserver une voiture ou – à partir de janvier avec le déploiement de l’offre digitale de JC Decaux – de débloquer un vélo.

Le total de ses consommations est facturé à la fin du mois en une seule fois. Et, à la demande des citoyens testeurs de l’application, sont proposés un suivi de la consommation à J + 1 et la possibilité de définir une somme pallier générant une alerte une fois atteinte.

Il aura fallu quatre ans à l’agglomération mulhousienne et à Transdev pour parvenir à la commercialisation de cette solution inédite. Le temps de réunir les différentes parties prenantes et de surmonter certaines difficultés techniques, notamment en termes de compatibilité entre logiciels et modèles.

Chaque prestataire reste maître de sa politique tarifaire mais pour s’intégrer à ce dispositif, le réseau d’autopartage Citiz a, par exemple, modifié son fonctionnement habituel d’abonnement avec dépôt de garantie. « Aujourd’hui, le consommateur n’a pas envie de s’engager », constate le président du réseau, Jean-Baptiste Schmider. Il se félicite d’« une vraie simplification de l’expérience utilisateur, lequel ne va payer que ce qu’il a consommé. » En outre, ce dernier dispose de garanties quant à l’utilisation de ses données, la collectivité en étant propriétaire.

Source : “A Mulhouse, le Compte mobilité conjugue les modes de déplacements” – Les Echos – 25/9/2018