Lorsque les fabricants de chewing-gums prennent en charge la propreté des villes !

A la recherche des “trottoirs anglais”, on trouve cet article de Courrier International du 30 août 2021 à ne pas manquer !

“On estime que si chaque chewing-gum coûte environ 3 pence à l’achat [0,03 euro], le nettoyage de chaque mètre carré de trottoir coûte 1,50 livre au contribuable [1,70 euro]”Selon The Daily Telegraph, jusqu’à 90 % des trottoirs britanniques sont souillés par des chewing-gums crachés ou jetés sur le sol.

Une acné monstrueuse”, avait indiqué Boris Johnson en mars dernier, dont le nettoyage coûte jusqu’à 7 millions de livres (environ 8 millions d’euros) aux contribuables britanniques chaque année, selon un communiqué du département de l’Environnement britannique.

Ce 30 août, le Telegraph rapporte la création d’une “armée” chargée de nettoyer les rues du pays, financée à hauteur de 10 millions de livres sur cinq ans par des fabricants de chewing-gum, dont Mars Wrigley (Airwaves, Freedent) et Perfetti Van Melle (Mentos). Des brigades dirigées par une organisation caritative indépendante, Keep Britain Tidy.

“Ces fonds seront également utilisés pour sensibiliser les gens à l’importance de jeter les chewing-gums dans une poubelle plutôt que dans la rue”, indique le quotidien. L’abandon de détritus, y compris les chewing-gums, “est une infraction pénale et les autorités locales ont été habilitées à porter les amendes à 150 livres, voire à 2500 livres en cas de condamnation par un tribunal”.

En créant l’étiquette “chewing-gum” pour indexer nos billets de blog, on se disait que ce serait sans doute le seul billet à l’utiliser. Mais, à bien y regarder, le fil “ville”+”chewing-gum” est peut-être plus fécond qu’on ne croit. Ainsi, les chewings-gum sont “le second déchet le plus produit sur la planète, après les mégots», selon le réalisateur du reportage «Dark side of the chew », Andrew Nisker.

Extraits d’une interview avec Audrey Chauvet le 3 février 2015 pour 20minutes (ici) :

Votre film accuse le chewing-gum de nuire à notre santé et à notre environnement. Qu’avez-vous découvert ?

La plupart des gens auxquels j’ai parlé n’avaient pas conscience que nous mâchons du pétrole. Pourtant, la base des chewing-gums est constituée de gomme synthétique fabriquée avec des dérivés du pétrole. Quand on apprend ça aux gens, en général, ils sont très étonnés. Quant à l’impact des chewing-gums sur l’environnement, il est énorme: c’est le second déchet le plus produit sur la planète, après les mégots. Comme ils ne sont pas biodégradables, ils polluent durablement les cours d’eaux. Ils ont aussi des impacts économiques car c’est très coûteux de nettoyer les trottoirs. Rien que pour le quartier d’Oxford Street à Londres, cela coûte un million de livres par an à la ville (environ 1,4 million d’euros).

La pollution provoquée par les chewing-gums est-elle vraiment significative, comparée à toutes les autres pollutions?

Elle est significative car la quantité de chewing-gums jetée par terre est énorme: à Toronto, on a dénombré 719 millions de chewing-gums écrasés sur les trottoirs, soit environ 2.000 tonnes! La manière dont tout ce plastique détériore la qualité de l’eau n’est donc pas anecdotique.

Pensez-vous qu’il faudrait des lois pour interdire de jeter son chewing-gum par terre?

Dans beaucoup de villes, c’est interdit mais ça ne marche pas. Je ne pense pas que des lois soient efficaces tant que les gens n’ont pas conscience de l’impact. S’ils connaissaient les conséquences de ce geste qui semble anodin, ils ne le feraient pas.

N’est-ce pas aussi de la responsabilité des producteurs de chewing-gums de réduire leur impact environnemental?

J’ai rencontré une entreprise à Londres qui fabrique de la gomme peu adhésive aux trottoirs. C’est un pis-aller. La seule véritable solution que j’ai vue, c’est la production de chewing-gums naturels, le «chicle» traditionnel, fabriqué à partir de matières naturelles dans la forêt amazonienne.

Les consommateurs de chewing-gums devraient-ils arrêter d’en mâcher?

Il ne faut pas en consommer excessivement. Surtout, il faudrait faire pression sur les fabricants de chewing-gums pour améliorer le produit globalement, de la composition au packaging. Pour sensibiliser au problème, nous lançons une application pour smartphone, «Gum shoe», qui permettra à chacun de photographier les trottoirs de sa ville et donner une image d’ensemble  de la pollution causée par les chewing-gums.