L’impact du streaming sur la durée des chansons et autres histoires de plateformes

En vrac, un article sur l’influence du streaming sur la durée des chansons, un autre sur les “community standards” de Facebook,  un troisième sur Amazon et les tarifs postaux et enfin une interview très éclairante du PDG d’Accor.

« Le streaming change le tempo »

Deux minutes et quatre secondes. En 2017, Gucci Gang de Lil Pump a été la plus brève chanson depuis 1975 à figurer dans le classement des cent chansons les plus écoutées aux Etats-Unis. Et le rappeur de 19 ans n’est pas le seul à proposer des morceaux courts : ceux-ci « sont désormais la norme », constate Quartz. Si la longueur médiane des chansons du top 100 américain était de plis de quatre minutes en 2000, elle est tombée à trois minutes et demie en 2018, précise le site d’information. Et « le streaming apparaît comme le principal facteur d’explication », ajoute-t-il. La technologie a en effet permis aux artistes de R’n’B et de hip-hop de contourner l’industrie de la musique, avant tout blanche et acquise au rock, pour trouver leur public. Mais elle les a aussi soumis à une forte pression économique. Selon les chiffres qui circulent, Spotify ne reverserait que 0,00397 dollar par écoute. Conséquence : pour gagner de l’argent, il faut multiplier les écoutes et, pour cela, mieux vaut proposer des morceaux brefs ».

Courrier international – n°1468 du 20 décembre 2018 au 9 janvier 2019.

 

« Mark Zuckerberg impose ses lois à 2,2 milliards d’individus »

Les démocraties résolvent généralement cette question par l’application d’une loi préalablement débattue au Parlement : on peut donner à voir tout ce que la loi ne prohibe pas. Facebook, qui opère dans plus de 100 pays, a choisi de ne se référer à la loi d’aucun d’entre eux et de fabriquer, seul, ses propres règles, les community standards. Ce texte est remarquable en ce qu’il est une des normes juridiques qui s’appliquent au plus d’êtres humains dans le monde (2,2 milliards).

Si on comprend la simplicité qu’offre le choix d’une règle universelle, on ne peut que regretter l’uniformisation qu’il induit. La « cour d’appel » Facebook aura, par exemple, le plus grand mal à rendre une décision sur un sujet comme l’avortement. En France, la loi punit d’une peine d’emprisonnement le fait d’induire les femmes en erreur sur les conséquences médicales d’une interruption volontaire de grossesse. Aux Etats-Unis, les mouvements dits « pro-life » diffusent en toute légalité ces mêmes messages.

Le Monde – 20 décembre 2018 – Benoît Huet

 

« Amazon craint une hausse des tarifs postaux aux Etats-Unis »

Amazon pourrait être très touché par ces futures augmentations. Selon Morgan Stanley, le groupe utilise les services de la Poste américaine pour 45 % de ses paquets. Les tarifs de l’US Postal seraient moins élevés que ceux de ses concurrents, même si Amazon travaille avec plusieurs prestataires. Un durcissement des tarifs pourrait accélérer son projet de développer lui-même un service de livraison : il est actuellement  en train d’effectuer des tests , en Californie.

Les Echos – 6 décembre 2018

https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/0600284278814-amazon-pourrait-etre-frappe-par-une-hausse-des-tarifs-postaux-aux-etats-unis-2227533.php

Sébastien Bazin : « Le consommateur a pris le pouvoir »

En cinq ans, qu’est-ce qui a le plus changé dans l’hôtellerie ?

Le consommateur a pris le pouvoir. Il a désormais accès de façon instantanée et transparente à plus d’offres, plus d’informations. Il est en capacité de faire un choix clair. Le prix reste bien sûr important, mais les attentes ont évolué et la clef est de plus en plus l’expérience de la marque. En conséquence, notre métier est devenu beaucoup plus exigeant et la notion de taille, d’échelle est devenue plus importante pour réussir.

Pourquoi la taille est-elle si importante ?

La bataille est aussi devenue technologique et, dans ce domaine, les enjeux comme les investissements sont colossaux. Le nerf de la guerre, c’est désormais la data, l’information sur les clients. Pour les séduire, les retenir et répondre à leurs attentes, nous devons mieux les comprendre et continuer à maîtriser notre destin. Nous ne pouvons pas simplement dépendre de géants comme Google, Booking, Expedia, WeChat, AliPay ou d’autres qui nous vendent des mots-clefs ou perçoivent des commissions. Et pour collecter un maximum de data, il faut multiplier les points de contact et d’interaction avec nos clients, locaux et internationaux.

C’est pour cela que vous investissez dans l’Accor Hotel Arena, les services de conciergerie, la restauration ou d’autres diversifications ?

Amazon a un contact avec ses clients environ deux fois par semaine. Facebook, trois à quatre fois par jour. Si vous avez un compte WeChat Pay, vous allez l’utiliser une dizaine de fois par jour. Dans l’hôtellerie, nous n’avons que quelques interactions par an avec un même client. L’enjeu le plus important est donc d’élargir notre toile. Nous avons un avantage sur tous ces acteurs digitaux, aussi puissants soient-ils. Eux n’ont jamais rencontré leurs clients. Nous sommes plus petits et moins technologiques mais nous avons accès à une information chaude, humaine, alors que leur donnée est froide, technologique. Il faut valoriser cette différence de connaissance et de relation avec nos clients. Cette stratégie nous a permis de multiplier les points de contact. Il faut encore faire la preuve que cela peut contribuer de façon significative à notre croissance et notre rentabilité, mais le risque que nous avons pris est mesuré. Ces métiers adjacents dans lesquels nous avons investi représentent moins de 10 % de nos investissements ces dernières années. Cette prise de risque est assumée et indispensable.

Les Echos – 14 décembre 2018

https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0600330573352-sebastien-bazin-le-consommateur-a-pris-le-pouvoir-2230102.php