Les liens artificiels

En attendant de lire “Les liens artificiels” de Nathan Devers, on pourra ré-écouter son interview sur France Inter ce 20 septembre 2022 : ici.

“Dans ce roman, qui n’est pas selon lui “un pamphlet”, le jeune auteur s’interroge sur “la place qu’occupe la virtualisation perpétuelle de l’existence”. “J’appartiens à la première génération qui a grandi en même temps que les réseaux sociaux, les smartphones, la numérisation ; la première pour laquelle le réel et le virtuel sont des expériences indistinctes.”

Pour lui, la promesse du “métavers” qui fascine beaucoup de médias aujourd’hui est “authentiquement merveilleuse : elle propose aux gens d’avoir une double vie, de se dédoubler. Ce qui me fascine comme romancier, c’est l’identité manquée, on a tous en nous quelqu’un d’autre qu’on aurait aimé être. Et la révolution numérique donne l’occasion aux gens de déployer cette deuxième possibilité.””

 

La couverture du livre rappelle ce poème d’Oscar Wilde :

Quand Narcisse fut mort les fleurs des champs se désolèrent et demandèrent à la rivière des gouttes d’eau pour le pleurer.

– Oh ! leur répondit la rivière, quand toutes mes gouttes d’eau seraient des larmes, je n’en aurais pas assez pour pleurer moi-même Narcisse : je l’aimais.

– Oh ! reprirent les fleurs des champs, comment n’aurais-tu pas aimé Narcisse ? Il était beau.

– Etait-il beau ? dit la rivière.

– Et qui mieux que toi le saurait ? Chaque jour penché sur ta rive, il mirait dans tes eaux sa beauté…

– Si je l’aimais, répondit la rivière, c’est que, lorsqu’il se penchait sur mes eaux, je voyais le reflet de mes eaux dans ses yeux.

 

Ce poème figurait dans Le 1 consacré en 2016 à Facebook, choisi par Louis Chevaillier. Il s’agissait de la version rapportée par André Gide dans Oscar Wilde : In memoriam (souvenirs), Le “De profundis”.