“En finir avec les villes fantômes”

A voir, et à lire dans le numéro de septembre de la revue Beaux Arts : le commentaire que livre le critique d’architecture Philippe Trétiack de l’oeuvre de Bodys Isek Kingelez présentée à la Fondation Cartier.

Extrait :

“L’exposition “Beauté Congo” présentée à la Fondation Cartier, à Paris, mérite une visite ne serait-ce que pour y contempler l’oeuvre de Bodys Isek Kigelez (1948-2015), une maquette gigantesque intitulée Ville fantôme. Réalisée en 1996, elle dresse, avec un sens de la prémonition surprenant, le tableau délirant de quasiment tout ce que la “starchitecture” et la “corporate architecture” ont produit au cours des vingt années suivantes. Certes, dans l’esprit de son auteur, cette vision se voulait optimiste. Notre constat sera plus mesuré, qu’on en juge. D’abord une explosion de tours, toutes à vocation iconique. Gratte-ciel colorés rutilants, étincelant dans une débauche de verres miroirs roses, verts, bleu glacier. Ces érections triomphales, Dubaï, Doha, Shenzhen, Moscou les ont produites avec frénésie.

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Mieux encore, cette ville fantôme n’est qu’un conglomérat de blocs, non plus de façades continues avec des bâtiments à touche-touche fabriquant des rues, mais des édifices sculptures, séparés les uns des autres, exactement à l’image de ces quartiers qu’on bâtit désormais partout, dans le secteur Masséna à Paris rive gauche, dans le quartier du Trapèze à Boulogne-Billancourt, ou encore à Bordeaux, Grenoble et ailleurs…”.

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Et, au passage, une bel exercice d’orthographe : dans la phrase suivante, comment mettez-vous au pluriel les mots soulignés ” gratte-ciel coloré rutilant,étincelant dans une débauche de verre miroir rosevertbleu glacier” ? Réponse dans l’extrait ci-dessus !