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La revue du Crédit Foncier, l'Observateur de l'immobilier, consacre son dossier du numéro 85 au Grand Paris, et nous a demandé d'y contribuer. Nous y appelons à favoriser une coproduction public-privé innovante pour relever le défi du Paris métropolitain.

couverture ODI, mai 2013

Extrait (introduction) :

Le Grand Paris est un paradoxe. A première vue, il représente l’archétype du grand projet public, porté par l’Etat - on se souvient qu’il s’agit d’un projet initié en 2007 par le Président de la République -, et réalisé selon des logiques verticales descendantes, « top down » : l’Etat, via la Société du Grand Paris - dédiée à la construction de l’infrastructure du transport, et via ses Etablissements publics d’aménagement - en charge de l’aménagement des grandes « opérations d’intérêt national » (OIN), serait le principal orchestrateur du projet. Dans ce contexte, les collectivités locales auraient un rôle à jouer à travers la négociation des « Contrats de développement territorial » (CDT). Mais la place des acteurs privés – promoteurs, investisseurs immobiliers, entreprises de services urbains - se limiterait à la mise en musique d’une partition qui aurait été écrite par d’autres. Or, en réalité, quand on y regarde de près, et notamment quand on se concentre sur la dimension aménagement du Grand Paris, c’est une toute autre lecture qui s’impose. Certes, le principal vecteur du Grand Paris, l’infrastructure de transport, relève d’arbitrages du Premier Ministre. Mais, dès lors qu’on zoome sur les principales opérations d’aménagement du Grand Paris, celles qui participent notamment de la production du cadre bâti et doivent permettre de construire 70.000 logements par an, comme La Défense, la Plaine de France, Paris-Saclay ou les Ardoines, on observe que ce qui se joue dans le Grand Paris témoigne surtout de nouvelles logiques de fabrication de la ville, marquées par une place plus grande laissée aux acteurs privés, au premier rang desquels les opérateurs immobiliers.

Extrait (conclusion) :

Le Grand Paris illustre les nouveaux défis de la fabrique urbaine. Se donnant les apparences d’un projet venu d’en haut, il témoigne bien au contraire de l’importance des processus bottom-up dans la fabrique urbaine, et plus encore de l’importance de la coproduction dans la réalisation des projets locaux. Cette coproduction est de plus en plus publique-publique, mais elle est aussi et surtout davantage publique-privée. Dans ce moment particulier qui voit la conjonction de la construction d’un grand projet métropolitain et de crise financière, mais aussi plus largement de mutation profonde de la fabrique urbaine avec notamment la double révolution numérique et environnementale, les opérateurs privés de la ville bénéficient d’une opportunité exceptionnelle pour jeter les bases d’une coproduction publique-privée équilibrée et répondant à l’ensemble des défis urbains. Il leur appartient en particulier de faire preuve de l’innovation et d’une responsabilité sociale (celle que Michael Porter appelle « corporate social responsability » et qui est une manière d’avoir un avantage compétitif) à la hauteur des enjeux. Mais les acteurs publics ont également un rôle majeur à jouer : le plus de privé appelle mieux de public. L’importance des défis urbains montre qu’il y a urgence.

A lire également : un très intéressant article de Claire Juillard sur la mobilité résidentielle où elle montre notamment que, si l'on veut développer la propriété, il faut paradoxalement favoriser aussi la location.

Source : "Le Grand Paris, laboratoire pour une coproduction public-privé innovante" - ODI n°85 - Téléchargeable sur la page des publications d'ibicity

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