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Tel est le titre de l'article que nous publions dans le dernier numéro de la Revue Urbanisme, dont le dossier est consacré à "la ville financiarisée".

Extrait

Mais ces nouvelles pratiques doivent également interpeller l’Etat et les collectivités sur le fait que, s’ils n’y prennent pas garde, une politique urbaine qui se contenterait d’additionner des grands projets urbains en abandonnant toute vision d’ensemble risque d’avoir des effets pervers. En particulier, ce qui est en jeu ici, c’est la question de l’équité territoriale et de l’échelle à laquelle elle s’opère. Car, lorsque l’Etat et les collectivités locales assignent des objectifs, louables, de mixité à l’échelle de la ZAC, mais ne participent pas au manque à gagner financier que représente cette mixité, ils incitent de fait l’aménageur, ou bien à rogner sur la qualité des espaces publics, ou bien à équilibrer ce manque à gagner par l’augmentation des charges foncières – et donc des prix de sortie – sur les programmes qui peuvent supporter des valeurs d’autant plus élevées que leur localisation métropolitaine rejoint les souhaits de polarisation des investisseurs. Ainsi, ils contribuent paradoxalement à accentuer la fracture, au sein d’un même futur quartier, entre les futurs acquéreurs à hauts revenus (logements en accession, bureaux) et les futurs acquéreurs à « faibles » revenus (bailleurs sociaux, PME-PMI). Ce raisonnement est bien sûr schématique, mais il montre que d’une certaine manière, plus l’opération d’aménagement prétend être inclusive, plus, paradoxalement, elle est exclusive, dans le sens où elle accentue les écarts.

urban, juin 2012

(...)

La contrainte financière est aujourd’hui l’un des principaux déterminants de la conduite des grandes opérations d’aménagement (...). Il est urgent de se saisir de cette question de la dimension économique de la production de la ville pour chercher à résoudre les enjeux et les paradoxes soulevés plus haut. Un premier axe de travail est celui de la création de valeur urbaine et de sa mesure. Un second axe est de faire évoluer les cultures des milieux de l’urbanisme, et en particulier de permettre de penser le « processus » plus que le projet. Car – et c’est là un paradoxe heureux - la contrainte financière, loin de marginaliser le rôle du concepteur urbain, rend son intervention encore plus décisive, pour autant qu’il sache s’adapter aux nouvelles modalités de la fabrique urbaine.

Une version commentée de cet article figure sur notre site, ici

Source : L'aménagement métropolitain sous contrainte financière - Isabelle Baraud-Serfaty - Urbanisme n°384 - Mai-juin 2012

Voir aussi le billet sur "la ville dans la rareté".

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