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C’est une très belle tribune que publie Alexandre Chemetoff dans Libération de jeudi dernier.

zoom chemetoff, déc. 2014
Extrait :

« Le projet est une démarche qui, à partir d’une demande (que l’on nomme improprement commande), va du site au programme, de l’initiative à sa réalisation, des études jusqu’au chantier, son accomplissement puis, dans le temps, l’entretien et la transmission. Michel Corajoud, pionnier du paysage contemporain, décrivait la conduite du projet comme une manière d’entrer dans une conversation. Un projet, c’est cela, une conversation entre une situation et la volonté de ceux qui veulent la transformer pour répondre aux besoins et aux aspirations d’une société. Le projet est un acte culturel et technique à la fois, un engagement.
(…)

Lorsque nous avons réalisé, pour la communauté urbaine du Grand Nancy, le projet de la nouvelle agence d’urbanisme, nous avons d’abord dessiné un projet ambitieux, répondant aux souhaits de la collectivité et des futurs utilisateurs. Puis, nous avons cherché un investisseur qui voulait, quant à lui, un bâtiment standard pour préserver sa valeur en cas de revente ; il fallait que les surfaces soient réduites pour entrer dans le plan de financement prévisionnel. Plus de bâtiment emblématique mais un petit immeuble étriqué, sans doute conforme aux règles et aux normes, un mauvais projet. Nous sommes alors retournés sur le site désaffecté des abattoirs et, constatant que les anciennes écuries promises à la démolition étaient toujours en place, nous avons tout changé, prenant le budget comme programme, un engagement tenu à l’euro près jusqu’à la livraison, avec le maître d’ouvrage qui en acceptait le risque. En nous appuyant sur les compétences d’entreprises indépendantes, nous avons choisi de transformer le bâtiment existant pour y accueillir l’agence d’urbanisme. Nous avons entièrement recommencé les études, réinterrogé les certitudes des uns et des autres par rapport à un état des lieux et aux possibilités d’aménagements qu’il ouvrait. Les espaces de travail seraient plus grands et plus ouverts. Tout changeait pour répondre aux véritables nécessités et tirer avantage des ressources du site. Nous nous sommes souvenus que cette hypothèse avait été repoussée d’un revers de main par ceux qui ne se voyaient pas occuper d’anciennes écuries où des chevaux de réforme avaient vécu leurs derniers instants. On comprend que des décisions de principe prises en amont méritent d’être réinterrogées mais on mesure aussi la nécessité de les reformuler ».

On ne voudrait pas ici réduire le propos d'Alexandre Chemetoff, mais nous souscrivons totalement à son injonction à « prendre le budget comme programme » (voir sur ce point notre précédent billet), ainsi que son exhortation à une « pratique ouverte du projet ». Elle rejoint l’idée que le process compte au moins autant sinon que le projet formel (ici et ici).

Voir aussi le site : MIKADO

invitation chaillot, déc. 2014

Cette tribune est l'occasion de (ré)entendre la conférence donnée par Alexandre Chemetoff à Chaillot en 2010 : ici

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